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Yann Fichou Lauréat ERC Starting Grant 2021

Interview de Yann Fichou, Chargé de Recherche CNRS à l’institut CBMN et responsable d’équipe à l’IECB, lauréat du financement européen, ERC Starting Grant « Rôle des cofacteurs d'agrégation dans le comportement prion de la protéine tau (cofacTau) »

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- En quelques lignes, quel est votre parcours et votre identité scientifique ?

J'ai à la base une formation d'ingénieur en physique des matériaux, ce qui ne correspond donc pas tout à fait à ce que je fais maintenant ! Après mon diplôme j'ai fait une thèse en biophysique à l'institut de biologie structurale à Grenoble où j'ai travaillé sur la dynamique des protéines et leur propriété d'hydratation. Ensuite j'ai fait deux postdocs, en Allemagne puis aux États-Unis, où je me suis focalisé sur les mécanismes moléculaires sous-jacents aux maladies neurodégénératives. Au cours de mon parcours, je me suis notamment spécialisé en spectroscopie de Résonance Paramagnétique Electronique (RPE). J'ai ensuite été recruté Chargé de Recherche au CNRS (section 16: Chimie et Vivant)  en 2020 à l’institut CBMN (UMR5248) et depuis 2022, je suis responsable d’équipe à l’IECB.
 

- Votre thématique de recherche est nouvelle au sein du département, voyez-vous déjà des connexions possibles avec d'autres unités et /ou équipes de recherche ?

Bien sûr, j'ai une thématique de recherche multidisciplinaire et multi-techniques, ce qui m'emmène naturellement à collaborer avec des collègues experts dans certaines méthodes. Pour n'en citer qu'un, il y a par exemple le groupe d'Antoine Loquet (CBMN), spécialiste de RMN du solide sur des assemblages protéiques. Cette méthode me permettra d’obtenir des informations structurales sur les espèces pathologiques que j'étudie. Ma thématique de recherche se situe aux interfaces, notamment de la chimie, biophysique et biologie et le tissu scientifique Bordelais devrait permettre de multiples rapprochements. Des discussions sont en cours avec des spécialistes de cryoEM appartenant notamment à l'unité ARNA. Des interactions pourront être développées avec des chercheurs d'autres départements, notamment avec l'Institut des Maladies Neurodégénératives (IMN-Neurocampus).

- Pourriez-vous nous parler en quelques mots de votre projet européen «Rôle des cofacteurs d'agrégation dans le comportement prion de la protéine tau (cofacTau) » ?

L’agrégation de la protéine tau dans nos neurones est un facteur clef dans le développement de plusieurs maladies neurodégénératives, dont la maladie d’Alzheimer. Pour mieux comprendre ces maladies, appelées tauopathies, il est donc essentiel de connaître ce qui provoque l'agrégation de tau. Ce projet vise à étudier les mécanismes moléculaires à l'origine des propriétés pathologiques des agrégats de tau. Pour mener à bien ce projet, plusieurs techniques biophysiques seront utilisées, telles que la résonance magnétique (RPE et RMN) et les microscopies électronique et à force atomique, avant de tester les mécanismes identifiés sur des modèles cellulaires et animaux.

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Cofactau vise à découvrir les facteurs déclenchant la formation des espèces pathologiques de la protéine tau. Ceci permettra d’établir les bases moléculaires des différentes maladies neurodégénératives impliquant la protéine tau, dont la maladie d’Alzheimer. (Crédit : Y. Fichou)

- Une des identités et forces du département STS est l'interdisciplinarité, est-ce que vous pourriez nous en donner quelques exemples dans votre quotidien de recherche ?

Une partie de mon projet s'intéresse à la caractérisation structurale d'assemblages moléculaires. Cette caractérisation nécessite des expertises et instrumentations très précises, par exemple la microscopie électronique cryogénique, ou encore la spectroscopie de résonance magnétique. Ces expertises sont disponibles dans le département. Ensuite, ces expériences doivent être complétées par des caractérisations biologiques menées sur des modèles cellulaires, donc nécessitant des compétences en biologie cellulaire. Enfin, une ouverture très intéressante du projet serait le développement de petites molécules interférant avec le procédé pathologique d'agrégation de tau, ce qui nécessite des compétences en chimie organique.

- Au-delà d'une reconnaissance prestigieuse, les financements ERC starting grant sont un formidable tremplin. Comment cet ERC va vous permettre concrètement de construire votre groupe de recherche ?

En terme de moyens humains, ce financement va permettre le recrutement rapide d'un(e) doctorant(e) et d'un(e)ingénieur(e) dès septembre 2022. Le sujet et le profil de thèses seront diffusés très prochainement. Il y aura également un recrutement de post-doc qui suivra. Les personnes intéressées peuvent d’ailleurs me contacter à l'adresse suivante y.fichou(at)iecb.u-bordeaux.fr. L’ERC me permet aussi d’équiper un laboratoire de biochimie pour la production de protéine et de co-financer un spectromètre RPE impulsionnel, qui permettrait à bordeaux de devenir un lieu d’expertise RPE au rayonnement national et international.

Merci Yann pour cet échange!

Twitter : @YFichou

Orcid : https://orcid.org/0000-0002-6520-0041