L'IUF, créé en 1991, se décrit comme un "institut ayant pour mission de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et de renforcer l’interdisciplinarité. Un certain nombre d’enseignants-chercheurs (200) sont nommés à l’IUF chaque année en considération de la qualité de leur travail scientifique et de leur projet de recherche, justifiant de leur accorder des moyens supplémentaires pour développer leur activité de recherche".
- Isabelle, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots quel est votre projet de recherche ?
"Je travaille dans le domaine des maladies chroniques respiratoires, plus particulièrement sur la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), qui est essentiellement liée à l’exposition à des particules. La physiopathologie de la maladie est complexe, et il n’y a pour le moment aucune solution thérapeutique pharmacologique satisfaisante. L’objectif de mon projet est de décrypter les interactions cellulaires et leurs modifications dans la maladie, dans des modèles in vitro 3D, des « mini-bronches », dérivées de cellules souches adultes humaines (CHU Bordeaux). Pour obtenir une structure tubulaire, je collabore avec une équipe de biophysiciens de Bordeaux, G. Recher et P. Nassoy (du laboratoire LP2N de Bordeaux). A plus long terme, ce travail devrait permettre de découvrir et de tester de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les maladies respiratoires chroniques."
- L'IUF mentionne l'importance de l'interdisciplinarité qui est justement l'une des forces de notre département. Sur quels aspects de l'interdisciplinarité du Département STS comptez-vous vous appuyer dans les prochaines années ?
"L’interdisciplinarité est un aspect qui me tient particulièrement à cœur, et elle est également centrale dans le Département STS. Cette richesse du Département m’a notamment permis de rencontrer Jeanne Leblond-Chain (laboratoire ARNA), avec laquelle je collabore sur un autre projet, soutenu par le Département : nous travaillons sur des formulations innovantes pour faire pénétrer des ARN interférents thérapeutiques dans des cellules épithéliales bronchiques issues de patients. C’est un autre projet prometteur, avec de potentielles retombées cliniques.
Enfin, le Département STS est également moteur pour organiser des conférences sur des thématiques transverses, et nous allons nous appuyer sur cette compétence pour l’organisation d’un symposium sur les modèles tridimensionnels en biologie, qui aura lieu le 20 juin à l’Agora du Haut Carré. Ce symposium s’inscrit totalement dans la dynamique interdisciplinaire du Département STS et permettra de promouvoir les échanges à l’échelle de l’université de Bordeaux et de la Région Nouvelle Aquitaine."
- Votre nomination à l'IUF conduit à un allègement de votre charge d'enseignement pendant cinq ans, ce qui dégage du temps pour la recherche. Quels seront les autres intérêts de cette nomination pour l'avancée de votre projet ?
"L’allègement de la charge d’enseignement est un avantage crucial de la nomination à l’IUF. J’ai mentionné les approches interdisciplinaires, qui sont essentielles pour proposer des stratégies innovantes. Mais l’interdisciplinarité prend du temps : quand on travaille avec d’autres chercheurs.ses d’autres disciplines, le langage, les contraintes expérimentales, les modalités d’interactions, sont souvent très différentes. Si on veut qu’une collaboration interdisciplinaire fonctionne, il faut être prêt à s’y investir, de façon régulière et constante dans le temps. Ce temps est également important pour encadrer correctement les personnes impliquées sur ce type de projet, et pour acquérir des connaissances et une expertise dans plusieurs domaines.
Par ailleurs, être à l’IUF me donne accès à un véritable réseau d’enseignant.es chercheurs.ses, avec des rencontres annuelles organisées sur des thématiques très vastes (par exemple, cette année, sur la complexité) : ce sont des occasions assez uniques d’interagir avec des gens de domaines variés, et de sortir du son (petit) champ de recherche. Qui sait, la prochaine « bonne » idée émergera peut-être de ces moments un peu en dehors du cadre traditionnel !
Enfin, être nommée à l’IUF donne de la visibilité, et c’est là aussi un atout pour continuer à animer mon groupe de recherche, qui est absolument fantastique."