Naïma Ahmed Omar et Théo Desigaux dont tous deux doctorants à BioTis (bioingénierie tissulaire, INSERM U1026). Naïma réalise une thèse en interface chimie-biologie intitulée « Développement d'un dispositif médical angiogénique et ostéogénique pour traiter les pertes de substance osseuse en chirurgie orale et maxillo-faciale » tandis que Théo est inscrit en thèse de biologie sur le sujet « Décrypter le dialogue des cellules de tumeur du sein avec leur écosystème, après radio/chimiothérapie, en utilisant des technologies de bioimpression ». En 2023, ils ont participé au concours MT180 qui propose aux doctorants d’expliquer leur sujet de thèse en trois minutes seulement, en le rendant passionnant et compréhensible par tous. L’occasion pour eux de vulgariser le contenu et les enjeux de leurs travaux auprès du grand public. Naïma a été finaliste du concours établissement et Théo Désignaux a reçu le 2ème prix du jury de la finale régionale.
- Est-ce que vous pourriez présenter votre parcours ?
Naïma : Je suis ingénieure chimiste de formation et j'ai commencé ma thèse de doctorat qui porte sur les dispositifs médicaux en chirurgie orale et préclinique fin 2020. Ce travail est fait en collaboration avec l'entreprise Siltiss.
Théo : J'ai débuté une formation en médecine. J'ai effectué les trois premières années puis j'ai fait une césure et intégré un M2 ingénierie biomédicale. J'ai alors décidé de poursuivre dans cette voie et me suis donc inscrit en thèse également fin 2020. Je travaille en collaboration avec un laboratoire spécialisé en biologie du cancer. Mon projet est de mettre à profit la bio-impression pour recréer un modèle de cancer du sein, pour in fine mesurer les effets de la radiothérapie.
- Qu'est-ce qui vous a motivés à participer à ce concours ?
Naïma : j'avais déjà eu plusieurs expériences de vulgarisation scientifique telles que la clé des ondes "des gens qui cherchent" via le mentorat Femmes et Sciences, mais aussi Gar'O'Sciences organisé par le département SBM, et Dance your PhD réunissant les jeunes de BioTis et que nous avons gagné dans la catégorie "chimie".
Théo : c'est un peu comparable : j'ai le goût de la vulgarisation scientifique mais je n'avais pas encore eu cette expérience. Mon intérêt pour la vulgarisation scientifique s'est développé car j'ai grandi avec les vidéos YouTube de vulgarisateurs qui m'ont donné envie de faire de la science. D'où médecine puis la réorientation vers la recherche biomédicale. J'ai eu beaucoup d'idées de vidéos de vulgarisation mais je n'ai pas pris le temps de les conduire jusqu'au bout. M180 a au contraire permis d'avoir un cadre et donc de se lancer dans la médiation. Et cette belle expérience donne envie de poursuivre dans cette voie.
Naïma et Théo : l'exemple de Diane Potard, deux ans avant nous et qui est allée jusqu'en finale nationale, nous a encouragés à nous lancer. A BioTis, il y a vraiment une tendance collective à participer aux actions de médiation scientifique qui vient du fait que les premiers doctorants à faire ce genre d'activité ont motivé les autres à faire de même : leurs retours d'expérience ont montré ce qu'est la vulgarisation et l'ont rendue accessible, donnant envie de faire la même chose et de se lancer dans l'aventure de la médiation.
- Comment se passe le concours et avez-vous été préparés ?
Naïma et Théo : on est très bien préparé. Il y a eu plusieurs séances d'entrainement sur la scène du Haut Carré. Cela permet de nous familiariser et de nous approprier le lieu où se passe le concours. Après ce n'est pas évident d'être sous les feux des projecteurs ! Du coup, on est pas mal coaché pour nous apprendre à placer notre voix, à gérer notre respiration ou encore pour l'expression corporelle et la gestuelle. Notamment on est formé par une comédienne professionnelle qui nous apprend à parler et à nous déplacer et à nous tenir dans l'espace. Cependant, la zone de déplacement est réduite par rapport à la totalité de la scène car il faut faire en sorte de rester dans le champ de la caméra qui est fixe.
Cela nous a fait nous souvenir à nous-mêmes que ce qu'on ce qu'on fait, c'est vraiment cool !
- Que vous a personnellement apporté ce concours ? Et en tant que doctorant ?
Naïma et Théo : d'un point de vue personnel et de notre goût pour la médiation, il faut être honnête, M180 est surtout regardé par nos amis et nos familles. Il y a aussi des lycéens qui sont conviés à y assister. Il y a certainement d'autres activités de médiation qui permettent de bénéficier d'une plus large audience.
Naïma et Théo : pour notre doctorat, cela ne nous apporte pas directement dans la mesure où l'exercice de la soutenance sera très différent. MT180, c'est un exercice très particulier, difficilement exportable. Il s'agit surtout de réussir à capter l'attention de l'auditoire et de l'interpeler. C'est donc surtout de la forme, des techniques oratoires et de placement dans l'espace. Cependant, faire le point sur tout le travail déjà accompli pour choisir comment le présenter a été l'occasion de réaliser que nous avons finalement beaucoup de résultats !
Naïma : cela m'a aussi aidée à prendre confiance en moi, à me sentir plus à l'aise et m'a permis de sortir de ma zone de confort et d'obtenir de la reconnaissance.
Crédits photo : © Gautier Dufau / université de Bordeaux
- Qu'est-ce que vous avez envie de dire aux étudiants du Département ?
Naïma et Théo : c'est une expérience très enrichissante, on passe un très bon moment et il y a une bonne ambiance, on s'entraide et on se soutient beaucoup entre participants. Si toutes les universités qui participent ne sont pas forcément dans le même état d'esprit que l'université de Bordeaux (certaines semblent être plus compétitrices), il reste que notre groupe était davantage dans l'optique de profiter du moment et de se soutenir mutuellement que dans l'esprit de concours.
Après il faut avoir à l'esprit que cela prend pas mal de temps mais on ne regrette pas !
Cela nous a permis de prendre une distance par rapport à nos travaux de recherche, de les remettre en contexte et en perspective. Du coup, cela nous a fait prendre conscience du chemin que l'on avait parcouru et que l'on savait plein de choses !
Surtout, cela nous a rappelé pourquoi on s'était lancé dans cette recherche. Ce qui est bien avec M180, c'est qu'en montrant au public en quoi nos recherches sont "cool", cela nous a fait nous souvenir à nous-mêmes que ce qu'on ce qu'on fait, c'est effectivement vraiment cool !