Nadia Mahmoudi
- Pourriez-vous décrire votre formation en quelques mots ?
Je suis issue d’une formation purement accès sur la Biologie. J’ai d’abord fait une L1 Sciences de la vie et Sciences de la terre, puis j’ai obtenu une L3 en Sciences de la vie parcours Biochimie. J’ai finalement obtenu en 2019 un master 2 mention « Biochimie, biologie moléculaire, cellulaire et appliquée ». Durant mon stage de fin d’étude j’ai rencontré le Pr Betrand GARBAY (ENSTBB – Bordeaux INP - LCPO) avec lequel j’ai réalisé des clonages pour obtenir des protéines recombinantes (ELPs) qui sont issue du domaine hydrophobe de l’élastine.
- Pourriez-vous nous parler de votre thèse « Développement d'une matrice à base d'Elastin-like polypeptides pour favoriser la néoformation osseuse » soutenu par AAP et où vous en êtes de ce projet ?
L’objectif de la thèse est de développer un biomatériau, de type hydrogel, permettant la colonisation par les cellules osseuses afin d’offrir un microenvironnement favorable à l’angiogenèse et à la neurogenèse, deux processus essentiels à la régénération osseuse. L’hydrogel est structurellement formé par des « Elastin-like polypeptides » (ELPs) contenant des méthionines que l’on peut chimiquement modifier pour y greffer des peptides bioactifs (d’intérêt thérapeutique) ainsi que de l’hydroxyapatite comme composante minérale.
Les premiers hydrogels ont été implantés en sous cutanée chez des souris et une minéralisation semble apparaitre dès 2 semaines d’implantation. Pour voir si une invasion cellulaire, vasculaire et nerveuse a bien lieu les hydrogels ont été récupérés et doivent être coupés en vue d’analyse histologiques.
Biomatériel à base de protéines dérivées de l’élastine / Incubation des biomatériaux contenant ou non de l’hydroxyapatite (HA) avec des cellules d’intérêt (J7). Cellules endothéliales-RFP et Neuronales (β III tubuline/DAPI) (Nadia Mahmoudi)
- Une des identités et forces du département STS est l’interdisciplinarité, comment l'appréhendez-vous au quotidien, entre deux expertises et deux unités de recherche ? Quels avantages et/ou difficultés y voyez-vous ?
Ma première année s’est déroulée dans un laboratoire de Chimie. J’étais totalement perdue au début. Tout est extrêmement réglementé à cause des risques liés aux produits chimiques. Je ne connaissais pas le nom des produits. Après 1 à 2 mois d’adaptation, je me suis sentie plus à l’aise, j’ai commencé mes expériences (plus ou moins réussies). J’ai réussi (malgré le COVID) à modifier chimiquement tous les ELPs qui été initialement prévus.
2 ans après je me dis que ça a été une bonne expérience, mais je suis tellement plus heureuse/épanouie depuis que je suis partie dans le laboratoire de Bioingénirie Tissulaire (BioTis). Je dorlote mes cellules et je me dis que rien ne vaut mieux que de faire ce qui nous plait et être heureux de se lever le matin.
En plus de l’interdisciplinarité de ma thèse, les deux laboratoires dans lesquels je suis sont déjà interdisciplinaires. Pour faire des biomatériaux, il faut des biologistes, des chimistes, des physiciens ainsi que des cliniciens (à Biotis des dentistes travaillent également sur la régénénration osseuse dentaire). Lors des échanges, présentations et réunions, il y a énormément d’informations dans des domaines très précis/spécifiques, ça permet de voir un panel de point de vue et de techniques, c’est vraiment enrichissant.
- Selon vous, en quoi l'interdisciplinarité sera un atout pour votre avenir professionnel ?
Je pense que l’interdisciplinarité apporte une nouvelle vision d’un projet, c’est-à-dire qu’elle apporte des manières différentes d’aborder un sujet (différents angles de vue). Elle apporte également un champ de compétences plus large. Toutefois ça peut être frustrant, car il est difficile d’être spécialiste dans tous les domaines.
Merci Nadia pour ce retour ! Nadia serait prête à parler de son expérience de l'interdisciplinarité auprès des doctorants et chercheurs du département STS lors d’un futur séminaire.